“La psychanalyse, c'est pour les fous ?”
- sylsabpsy
- 10 juin 2024
- 2 min de lecture
Précisément : non.

Mais déjà : c’est quoi, un fou ? La psychanalyse se trouve fré-quemment au croisement entre philosophie, psychiatrie, sciences sociales, mysticisme, et toutes Sciences Humaines… et avec cette question là, on plonge au coeur de nombreux débats et points de vues sur le sujet.
L’idée de ce post n’est pas de les passer en revue mais de nous en tenir uniquement au contexte du quotidien dans lequel cette phrase est si souvent proférée.
Si on s’en réfère à la World Health Organization (Organisation Mon-diale de la Santé), “le fou se reconnaît à ses idées délirantes récurrentes, hallucinations, pensées désorganisées, comportement très désorganisé ou agitation extrême”.
Mmmm… ça parlerait un peu de nous tous, ça ?
Le dictionnaire de base, lui, nous dit qu’un fou est “une personne atteinte de troubles mentaux ou qui se comporte de manière déraisonnable ou extravagante”, et le DSM* propose quelques 313 façons d’envisager le “trouble mental”. Encore une fois, nous sommes tous l’extravagant de quelqu’un d’autre, et nous voilà bien avancés...
Finalement dans notre quotidien, lorsque nous employons le mot “fou” ou que nous évoquons la “folie” chez quelqu’un, nous parlons d’une personne dont les propos et les actes indiquent qu’elle se tient en dehors de la norme constituée par :
- les codes sociaux et moraux de notre société : on ne se balade pas à poil dans la rue, on ne prend pas ce qui ne nous appartient pas, on ne tue pas, on respecte les autres, etc…
- mais aussi en dehors de la réalité constituée par les faits tangibles : la pluie ça mouille, les humains n’ont pas d’ailes pour voler, les fours à micro-ondes ne sont pas des portails dimensionnels.
Pour exprimer ces codes et réalités, il y a les actes et le langage, qui montrent l’existence d’une pensée cohérente et structurée. Le fou, dans cette optique là, est la personne pour qui tous ces codes, ces symboles, qui constituent le réel sont dépourvus de sens. Et à côté de ça, il y a la psychanalyse : méthode d’exploration du psychisme, à l’aide de la parole et de l’accès aux symboles que représentent nos actes et nos mots (conscients ou non).
Si le fou est une personne qui n’a pas accès à ces moyens d’expression qui sont les outils de la psychanalyse… alors la psychanalyse ne peut – malheureusement – rien pour les fous.
Donc, du point de vue du langage quotidien : la psychanalyse c’est pour tout le monde… sauf les fous.
CQFD.
Je m’empresse toutefois d’ajouter que chercher à établir clairement une frontière normative entre le normal et le pathologique serait … pure folie.
*Diagnostic & statistical Manuel of Mental Disorders
Une petite réf. pour la route : https://www.cairn.info/revue-champ-lacanien-2015-1-page-97.html
image : elle a dû faire 418 000 fois le tour d’internet.



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